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L’art perdu de la communication en personne

by Rochelle C. Pangilinan

Depuis que les médias sociaux sont arrivés dans nos vies, il y a eu une flopée de critiques à leur sujet sous forme d’art, de films et de littérature, mais personne n’a pu saisir la désapprobation avec autant de justesse que Dave Eggers dans son roman de suspense à succès « The Circle ». Dans ce livre, les personnages d’Eggers comparent la communication par médias sociaux à des « aliments à grignoter » — pas de la nourriture, juste des calories. Ils prétendent même qu’une surdose numérique ou passer trop de temps en ligne revient à manger un sac entier de croustilles en une seule fois :  à la fin, vous vous sentez « bourré et vide ».

Bien que l’on ne puisse pas nier les avantages que les médias sociaux nous offrent, que ce soit pour garder le contact avec un ami ou un membre de notre famille qui se trouve très loin de nous ou organiser une fête d’anniversaire improvisée avec des applications comme Facebook Messenger ou What’s App. Malheureusement, si nous en tirons des avantages, nous nous heurtons aussi à des obstacles. Voyons de plus près l’art perdu de la communication en personne dans cet océan de communication virtuelle.

Pas d’interaction interpersonnelle, pas de problème

D’une certaine manière, les médias sociaux ont changé notre façon de gérer les problèmes. Si nous devons annoncer une mauvaise nouvelle à un ami ou à un membre de notre famille, comme la perte d’un bijou précieux que nous avons emprunté pour une fête somptueuse, nous ne voyons pas l’importance de l’annoncer en personne. À la place, nous le disons par médium virtuel parce que c’est plus facile. De cette façon, nous pouvons rapidement envoyer nos excuses par message instantané en échappant ainsi aux répercussions compliquées de notre erreur. Nous nous en sortons indemnes pour ainsi dire.

De l’autre côté, nous espérons que le destinataire du message ne fera pas tout un plat de cette mauvaise nouvelle. Nous présumons qu’il comprend que ce n’est pas si grave que ça après tout, puisque nous utilisons un médium en ligne pour l’annoncer. Nous ne nous inquiétons pas des sentiments de l’autre personne. Pour nous, la perte de ce bijou n’est pas grand-chose, finalement, et nous supposons que c’est la même chose pour l’autre personne, même si ce n’est pas le cas. Par conséquent, cette nouvelle devrait être prise à la légère et nous nous en lavons les mains.

Bien informé, mais désolidarisé

Avec les médias sociaux, c’est facile d’être informé d’un problème ou d’une question, mais pas de se sentir vraiment impliqué. Nous cliquons sur le bouton j’aime ou je n’aime pas et nous passons au suivant. Lorsque nous apprenons de nouvelles choses tous les jours en nous connectant en ligne, nous ne nous donnons pas le temps de tout absorber, que ce soit une guerre civile dans un autre pays ou un conflit de travail dans la province d’à côté. Nous nous sentons fiers de tout savoir ce qui se passe dans le monde, mais nous ne pouvons pas nous impliquer émotionnellement.

Relations sociales réduites

Des études ont démontré que les enfants qui préfèrent interagir par leurs écrans perdent en échange des compétences sociales essentielles. Marc Brackett, directeur du Center for Emotional Intelligence de l’université de Yale, affirme que plus les enfants passent du temps en ligne, moins ils peuvent comprendre les émotions et créer de liens solides avec les gens qui les entourent, et ceci s’applique également aux adultes. En plus, ils sont trop tributaires de l’utilisation des emojis ou des émoticônes qui ne sont pourtant pas une substitution pour les inflexions de la voix, le langage corporel et les expressions faciales que l’on rencontre dans la communication en personne.

Les médias sociaux augmentent les relations                                                      

En même temps, certains pensent que les médias sociaux ne sont pas si néfastes que ça. L’année dernière, un groupe de chercheurs de l’université de Missouri-Columbia a découvert que les médias sociaux n’ont pas d’effets négatifs importants sur les interactions sociales ou l’épanouissement social. Michael Kearney, professeur adjoint à la MU School of Journalism, pense que finalement, c’est aux personnes de décider d’entretenir leurs relations et que la façon de le faire n’a pas d’importance. Ce qui importe, c’est que les gens fassent l’effort de garder le contact.

Les médias sociaux « ne sont pas fondamentalement nuisibles »

Le temps passé devant des écrans « n’est pas fondamentalement nuisible à la santé des enfants » selon les principaux pédiatres du Royaume-Uni. Cependant, c’est aux parents de s’assurer que leurs enfants obtiennent suffisamment de sommeil, d’exercices et d’interactions avec leur famille. Quant aux adolescents, il leur revient de se discipliner pour faire la même chose.

Ce n’est pas bon de présumer systématiquement que les interactions personnelles sont préférables aux interactions en ligne. Ces deux façons de communiquer ont des avantages et des inconvénients. Alors, la meilleure chose à faire est d’améliorer notre utilisation de l’une et de l’autre.

SOURCES:

https://www.theguardian.com/media/2019/jan/04/screen-time-not-intrinsically-bad-for-children-say-doctors

https://www.theguardian.com/media/2019/jan/15/impact-social-media-children-mental-health

https://www.sciencedaily.com/releases/2018/03/180301103658.htm

https://www.deseretnews.com/article/865609628/How-technology-is-changing-the-way-we-communicate.html

https://www.forbes.com/sites/ajagrawal/2017/05/04/millennials-are-struggling-with-face-to-face-communication-heres-why/#1388521226e8

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