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Des chercheurs tentent de percer le mystère de la disparition des abeilles

by David Suzuki Foundation

Il y a quelques années, un essaim d’abeilles s’est retrouvé sur un arbre de la propriété d’une employée de la Fondation David Suzuki et de son mari. Ce pur hasard leur a fait découvrir le monde de l’apiculture. Ils ont fait appel à un ami apiculteur pour les aider à capturer les abeilles, à construire des ruches et à acheter du matériel. Depuis, ils éprouvent une véritable fascination pour ces abeilles qui leur donnent du miel et de la cire. Tous ses collègues ont pu partager sa fascination quand elle a apporté des rayons d’abeilles et des outils afin de donner une leçon impromptue sur l’apiculture et le comportement des abeilles.

Les abeilles ne cessent de nous étonner en plus de nous être incroyablement utile et pas simplement pour le miel et la cire. Si les abeilles disparaissaient, il serait difficile, voire même impossible, de cultiver la plupart des denrées que nous mangeons. Les abeilles pollinisent une grande variété de plantes, des pommes jusqu’aux courgettes. Les bleuets et les amandes dépendent presque entièrement d’elles. Certains spécialistes avancent qu’elles sont responsables d’une bouchée sur trois de la nourriture que nous consommons. La valeur économique de la pollinisation assurée par les abeilles à miel est estimée à 14 milliards $ aux États-Unis et à des centaines de millions au Canada.

Les abeilles sont de bonnes pollinisatrices, car contrairement à certains oiseaux et à d’autres insectes qui se contentent du nectar, elles recherchent aussi le pollen qu’elles utilisent avec le nectar pour nourrir leur essaim. Pendant cette opération, elles transfèrent le pollen de la partie mâle d’une fleur à la partie femelle d’une autre fleur. Elles fertilisent les plantes pour que celles-ci puissent produire des fruits porteurs de graines. Les abeilles domestiques et les abeilles sauvages sont toutes deux d’importants agents pollinisateurs.

En fait, des études indiquent que les abeilles sauvages sont peut-être plus importantes pour la pollinisation des plantes alimentaires que les abeilles domestiques. Cela est dû en partie au fait qu’une espèce unique, comme l’abeille domestique, est plus vulnérable aux épidémies. Les abeilles sauvages utilisent aussi un plus grand éventail de techniques de pollinisation; elles butinent plus de plantes et augmentent ainsi les chances de pollinisation croisée, selon un article de Pollinis.

Malheureusement, les abeilles, qu’elles soient sauvages ou domestiques, connaissent de sérieuses difficultés qui pourraient avoir des répercussions sur notre vie. On ne comprend pas entièrement les causes de phénomènes comme le syndrome d’effondrement des colonies et d’autres déclins dans la population des abeilles, mais les chercheurs sont sur le point de découvrir pourquoi les abeilles meurent. Ironiquement, beaucoup de ces causes sont reliées à l’agriculture. Les techniques agroalimentaires modernes détruisent l’un de nos plus précieux alliés dans la production de notre nourriture.

Les abeilles sauvages sont aussi menacées par les changements climatiques et la disparition de leur habitat. Une étude récente publiée dans la revue Science révèle que la moitié des espèces d’abeilles sauvages aux États-Unis a été décimée au cours du 20e siècle. On a attribué ce phénomène en partie à « un décalage croissant entre la période de floraison des plantes et la période d’activité des abeilles, une réalité qui aurait un rapport avec les changements climatiques », d’après le Guardian.

Les causes de la mort des abeilles à miel sont plus compliquées. Le syndrome d’effondrement des colonies a anéanti des millions d’essaims au cours de la dernière décennie. Les pesticides, les parasites et la mauvaise alimentation figurent parmi les suspects. Des chercheurs de l’Université du Maryland et du ministère de l’agriculture des États-Unis ont récemment découvert que le pollen butiné par les abeilles à miel était contaminé par un mélange toxique de pesticides et de fongicides. Il semble que les toxines rendent les abeilles plus vulnérables à un parasite du nom de Nosema ceranae, qui pourrait être la cause du syndrome d’effondrement des colonies. Les échantillons de pollen contenaient en moyenne neuf sortes de pesticides et de fongicides ; on en a dénombré jusqu’à 21 dans un cas.

L’Union européenne a imposé une interdiction de deux ans sur trois néonicotinoïdes, un type de pesticide que l’on croit responsable du déclin alarmant des populations d’abeilles en Europe, mais seulement sur les « plantes qui attirent les abeilles ». Toutefois, selon le premier auteur de l’étude de l’Université du Maryland, Dennis vanEngelsdorp, cité dans le média en ligne Quartz, « il ne s’agit pas uniquement d’un seul produit, c’est plus compliqué que cela ; la solution ne réside pas dans l’interdiction d’un seul type de produit ».

Nous devons mieux cerner les effets des produits toxiques que nous utilisons pour produire notre nourriture. Si nous tuons les insectes et les oiseaux qui nous permettent de cultiver nos aliments, nous les empêchons de jouer leur rôle et nous mettons notre existence et la nature en péril. Chacun de nous peut aider les abeilles. Arrêtez d’utiliser des pesticides et joignez-vous au mouvement qui cherche à faire interdire les pires. Cultivez des plantes et des jardins favorables aux abeilles, construisez des « maisons » pour les abeilles sauvages et apprenez à mieux connaître ces amies qui nous donnent du si bon miel. Comme cette employée de la Fondation David Suzuki, vous pourriez même adopter un essaim.

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