Je n’oublierai jamais le moment où le monde entier s’est interrompu. J’étais dans ma quatrième année d’université et je devais avec les autres étudiants, continuer les cours à distance. Les choses ne seraient plus les mêmes, mais je me suis vite adaptée parce que ce n’était pas la première fois que je suivais mes cours en ligne.

Ma famille et moi-même sommes demeurées aussi vigilantes que possible. Nous ne sortions que pour nos besoins essentiels et avons développé de nouvelles habitudes comme essuyer notre épicerie avant de la ranger. Nous nous sommes habituées également (comme la plupart des gens) au port du masque et à la pratique de la distanciation sociale lorsque nous sortions dans des lieux publics.

Pendant tout ce temps, les gens remarquaient une flambée de crimes haineux envers les personnes d’origine chinoise et asiatique. Comme Chinoise, je me suis sentie préoccupée et exaspérée. En fin de compte, cette époque de la COVID-19 m’a angoissée sur des sujets qui ne m’avaient jamais inquiétée auparavant.

À travers tout ça, le public discutait (et continue de faire) de l’importance de s’occuper de sa santé mentale. J’ai toujours pensé que c’était bien que les gens soient, en général, plus ouverts à ce sujet et je suis contente que les professionnels parlent de l’influence considérable que ces deux dernières années ont eue sur le public. Cependant, paradoxalement, je n’avais pas réalisé combien la pandémie avait touché ma propre santé mentale jusqu’à ce que je me prépare à la cérémonie de remise de diplôme.

Ma cérémonie en personne a été l’une des premières à être tenue depuis mars 2020… et je la redoutais avec toutes les fibres de mon corps. J’avais eu des problèmes d’angoisse sociale depuis plusieurs années et rester à la maison n’a fait qu’empirer la situation. Je savais que je devrais être contente d’assister à une cérémonie en personne (et je l’étais), mais l’idée d’être entourée de tant de gens à nouveau, après tout ce temps, m’a rendue très angoissée. Cette nuit-là, après la cérémonie et tout l’enthousiasme, je n’ai plus pu retenir mes sentiments et tout est finalement sorti.

Je suppose qu’on peut dire que ma vie a changé d’une telle façon que j’ai dû réfléchir sur ce que je devais faire pour moi-même. Lorsque j’étais bien plus jeune, j’avais pris une (mauvaise) habitude de retenir toutes mes émotions négatives comme un bouclier pour me protéger de divers défis et il semblait aussi que je n’avais jamais eu les moyens d’exprimer ce que je ressentais. Cette retenue m’a rattrapée depuis peu et je reconnais qu’il est essentiel de trouver des manières de prendre soin de ma propre santé mentale.

Ces deux dernières années m’ont forcé à regarder de plus près la façon dont je gère mes émotions. La difficulté est maintenant de lâcher cette vieille habitude et de me permettre de traiter correctement mes émotions. L’obstacle est mon estime de soi puisque je dois reconnaître que je le mérite. J’ai aussi tendance à être très dure envers moi-même, ce qui m’a aidé pour certains aspects de ma vie, mais maintenant, je comprend également que je ne dois pas l’être en ce qui concerne les problèmes émotionnels à long terme.

Dans l’ensemble, il y a beaucoup de choses que j’ai besoin de régler, mais les leçons importantes que j’ai retenues pendant la pandémie sont de demeurer plus consciente de la façon dont les évènements m’ont affectée et de m’assurer de faire de meilleurs choix pour moi-même. Je sais que je continue d’évoluer, alors réfléchir plus souvent m’aidera à déterminer ce dont j’ai besoin pour mon bien-être.