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Aborder la représentation du handicap...

Aborder la représentation du handicap dans les médias canadiens

by Sarah Leung

Il y a deux sortes de langages qui sont utilisés pour décrire les handicaps : le langage de la personne d’abord et le langage de l’identité d’abord.

Au Canada, le langage de la personne d’abord a été utilisé par les organismes depuis les années 1980. Cela place le handicap comme quelque chose que les personnes ont, plutôt que quelque chose qui les définit entièrement — une personne n’est pas son incapacité. Cependant, le langage de la personne d’abord pourrait être pensé comme quelque chose qui décrit un handicap comme un élément unique, plutôt qu’un plus grand problème.

À l’inverse, le langage de l’identité d’abord affirme le handicap de la personne — c’est une partie intégrante de son identité. Séparer un handicap d’une personne comme le fait une expression telle que « personne ayant une incapacité » est comparable à lui retirer son vécu.

Par exemple, disons que vous décrivez une personne qui est autiste. Le langage de la personne d’abord parle d’une personne qui est autiste ou une personne qui a l’autisme. Le langage de l’identité d’abord parle d’une personne autiste. Les termes varient au cas par cas ; par conséquent, il serait préférable de consulter la personne en question pour lui demander comment elle veut être représentée.

En résumé, si vous demandez à une personne comment elle souhaite être évoquée, suivez sa réponse. Si vous ne pouvez pas vous entretenir avec elle, le gouvernement du Canada préfère l’utilisation du langage de la personne d’abord plutôt que celui de l’identité d’abord.

La représentation des personnages handicapés par les médias canadiens

Les enfants et les adolescents sont au courant des stéréotypes qui affligent les médias actuels et le fossé que cela laisse dans la diversité, selon le rapport publié plus tôt cette année « Being Seen: Children’s Media Report ». Malheureusement, c’est difficile de débarrasser les médias des stéréotypes dans les cas où la représentation est souvent écrite et illustrée par des personnes qui ne connaissent pas le handicap.

En 2019, moins de 3 % des personnages dans les médias nord-américains étaient handicapés. De plus, 95 % de ces personnages étaient interprétés par des acteurs sans handicap. Entre 2020-2021, ce pourcentage était de 3,5 %.

Également depuis 2019, le rapport « The Landscape of Children’s Television in the US & Canada » a démontré que les représentations évidentes de personnages handicapés dans les émissions de télévision pour enfants faisaient cruellement défaut. Ce rapport analysait plus de 1 000 émissions pour enfants en Amérique du Nord depuis 2017. Zéro pour cent des personnages dans les émissions de télévision pour enfants était handicapé et leurs équivalents américains ont réussi à peine mieux avec 1 %.

Le nombre des personnages handicapés soutient difficilement le nombre de handicaps en Amérique du Nord ; plus de 20 % d’Américains et plus de 20 % de Canadiens ont une incapacité.

Illustrations des athlètes handicapés dans les médias canadiens

C’est possible que les personnages handicapés imaginaires, les quelques-uns qui existent, ne trouvent pas d’écho dans le public. Il y a beaucoup de vraies personnes handicapées avec une présence (quoique limitée) dans les médias nationaux. Ne cherchez pas plus loin que les jeux paralympiques, qui ont lieu tous les deux ans.

Bien que saluée comme le « premier évènement mondial pour l’inclusion sociale » par le directeur général de la commercialisation et des communications du Comité international paralympique Craig Spence, la représentation n’est pas très bien gérée. Une analyse de la couverture canadienne des jeux paralympiques de Rio a démontré que l’illustration des athlètes paralympiques était essentiellement positive, si ce n’était pour la profusion de stéréotypes.

Les athlètes étaient représentés comme ayant dépassé leurs handicaps pour participer aux jeux ou à leur succès, dû à leur équipement adapté. Pour ne rien arranger, les records paralympiques étaient souvent comparés à leurs collègues sans handicap, comme si les athlètes ne pouvaient pas avoir leurs propres victoires.

Les personnes avec un handicap ne devraient pas être félicitées pour leur vie avec une incapacité. Vivre avec un handicap est une charge à plein temps et non un petit problème dont les personnes peuvent se débarrasser avec assez de sang, de sueur et de larmes. Les personnes paralympiques sont des athlètes, mais ce sont souvent les réussites incorrectes qui sont mises sur un piédestal au lieu de leurs médailles.

Des solutions pour ces problèmes

L’une des plus importantes mesures, et la plus difficile à prendre pour répondre à ces problèmes est d’engager les personnes handicapées pour les aider à raconter leur histoire. Tout le monde a une histoire à raconter, mais chacun a un vécu unique. Sans les expériences personnelles ou la recherche raisonnée, la représentation future des personnes avec un handicap continuera d’être rare et à portée limitée.

Aider les écrivains, producteurs, acteurs et autres handicapés liés à la production des médias engagera non seulement plus de perspectives authentiques des histoires, mais avantagera aussi les compagnies financièrement. Une étude de 2019 a montré qu’Hollywood perdait environ 125 millions $ US par année, à cause du manque de représentation appropriée de handicap.

Faire tomber les stéréotypes nuisibles montrera également des personnes avec un handicap dans une perspective plus authentique. Comme pour tout groupe de personnes, elles devraient être diversifiées : les personnes handicapées n’existent pas comme quelques archétypes.

De plus, les incapacités peuvent survenir n’importe quand dans la vie d’une personne. Certains naissent avec, d’autres en contractent à cause de divers évènements dans leur vie ou à cause de leur âge avancé. Intégrer les personnes handicapées signifie représenter un groupe de la population mondiale qui n’appartient à aucune catégorie particulière.

 

Sources :

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Dallaire, Justin. “Calgary Non-Profit Uses Fake Ads to Show Lack of Representation of Disabilities.” Strategy Online, 3 Dec. 2019, https://strategyonline.ca/2019/12/03/calgary-non-profit-uses-fake-ads-to-show-lack-of-representation-of-disabilities/. Accessed 10 Mar. 2022.

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Lemish, Dafna, and Colleen Russo Johnson. The Landscape of Children’s Television in the US & Canada. The Center for Scholars & Storytellers, 2019, https://static1.squarespace.com/static/5c0da585da02bc56793a0b31/t/5cb8ce1b15fcc0e19f3e16b9/1555615269351/The+Landscape+of+Children%27s+TV.pdf. Accessed 14 Mar. 2022.

Pearson, Erin, and Laura Misener. “Paralympians Still Don’t Get the Kind of Media Attention They Deserve as Elite Athletes.” Phys.org, 2 Sept. 2021, https://phys.org/news/2021-09-paralympians-dont-kind-media-attention.html. Accessed 12 Mar. 2022.

Wong, Jessica. “Kids’ TV Lacks Gender Balance and Diversity, New Study Suggests.” CBC News, 4 May 2019, https://www.cbc.ca/news/entertainment/childrens-tv-study-diversity-1.5118385. Accessed 12 Mar. 2022.

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